la mère Poulard :


En mai 1872 Edouard Corroyer, architecte des Monuments historiques chargé de la restauration du Mont-Saint-Michel, arrive au Mont avec son épouse et sa femme de chambre, Annette boutiaut, la future mère Poulard.
Agée alors de vingt-et-un ans, Annette est entrée au service de monsieur Corroyer l'année précédente.
Née à Nevers le 15 avril 1851 dans une famille nombreuse , c'est au Mont qu'elle découvre la mer pour la première fois.
Installée avec ses patrons à l'hôtel Saint-Michel Teste d'Or, Annette rencontre Victor Poulard, fils ainé du boulanger.
le mariage a lieu le 15 janvier 1873 à Saint-Philippe- du- Roule (Paris), Edouard Corroyer est le témoin d'Annette.
Le jeune couple loue l'hôtel Saint-Michel Teste d'Or, les propriétaires désirant se retirer. Mais les débuts sont difficiles.
la digue n'est pas encore construite aussi les voyageurs arrivent quand la marée et l'état des grèves le permettent.
C'est pourquoi, Annette a l'idée de génie de servir à toute heure du jour des omelettes à la demande, au lieu de se contenter d' afficher des menus à heure fixe (midi, dix-neuf heures).
pendant que les clients mangent l'omelette les plats cuisent : agneau des prés salés, poulet, boeuf, veau, poissons de la baie (sole, plie, saumon).


Annette se révèle être une maîtresse de maison organisée, intelligente, travailleuse et honnête.


Les touristes sont toujours reçus de manière chaleureuse, avec simplicité dans une ambiance familiale, la cuisine y est bonne et l'hôtel est propre, aussi le restaurant devient rapidement réputé.


En 1888 suite à une querelle de famille Victor et Annette abandonnent l'hôtel Saint-Michel et font l'acquisition de l'hôtel du Lion d'Or appartenant à monsieur Leplat, le maire du Mont. Après l'avoir démoli, ils le remplacent par l'immeuble actuel. La partie proche de l'entrée du village sera construite en 1902.

C'est Alphonse Poulard, le jeune frère de Victor, qui reprend l'hôtel Saint-Michel et il se met lui aussi à servir des omelettes.

La guerre de concurrence commence alors entre l'hôtel Poulard jeune et l'hôtel Poulard aîné. Leurs spécialité était à tous les deux l'omelette longuement battue et cuite au feu de cheminée, servie à toute heure

L'hôtel Poulard aîné avait pour enseigne : "A la renommée de l'omelette." L'hôtel Poulard jeune affichait: "A la renommée de l'omelette soufflée."

Mais la rivalité s'estompa et les deux frères tombèrent d'accord pour lutter contre les nouveaux établissements qui osaient porter le nom célèbre de la mère Poulard. Au fronton de leurs hôtels respectifs, ils avaient fait inscrire :" Ne pas confondre avec d'autres établissements portant le même nom."



Rapidement l'hôtel devient trop petit, les clients sont logés dans trois annexes : la maison rouge faite de brique, la maison blanche enduite à la chaux et la maison verte aux murs couverts de lierre.



Les repas étaient pris à l'étage et le café servi dehors sur de petites tables.

Un jour de visite au Mont, Léopold II roi des Belges voulu prendre son déjeuner dehors, il se heurta au refus poli mais inébranlable de Madame Poulard et il prit son repas à l'intérieur.






























A l'époque le déjeuné était à 2.50 F, le dîner à 3.00 F cidre compris.
Prix du menu ( une omelette plus un gigot et un dessert ):
_ avant la première guerre mondiale, 2.50 F
_ en 1934 , 27 F
_ en 1992 , 250 F
_ en 2008 , de 50 à 75 €


Le secret de l'omelette :
cette omelette que l'on a qualifiée "d'omelette des omelette", fondante, juteuse, dorée, succulente et bien chaude a fait couler beaucoup d'encre et de salive.
Certains ont dit que c'était la crème fraîche qui était à l'origine de l'onctuosité. D'autres ont prétendu que tout venait du maniement de la poêle à long manche. D'autres encore ont déclaré que seul comptait la qualité des oeufs et du beurre. Les spécialistes déclaraient que la seule explication était la cuisson sur un feu très vif.
D'après le fils de la Mère Poulard : "il suffisait de battre, à part, le jaunes et le blancs des oeufs.
Et enfin pour d'autres, le secret, ce n'est pas dans la recette qu'il faut le chercher, mais c'est dans l'ambiance.
Le 6 juin 1922 Annette Poulard livre à l'académie des gastronomes sa recette : "je casse de bons oeufs dans une terrine, je les bats bien, je mets un bon morceau de très bon beurre dans la poêle, j'y jette les oeufs et je remue constamment."Il ne faut surtout pas laisser roussir le beurre, ni trop cuire les oeufs.
D'ailleurs le curé du mont E. Couillard écrit en 1931 dans son livre sur la mère Poulard :
Tous les maîtres-queux du monde ont émis la prétention d'en révéler le secret. Tel livre de cuisine nous apprendra, par exemple, que Madame Poulard écartait une partie des blancs d'oeufs, dans la proportion de un sur trois, et versait dans la poêle, au cours de l'opération, un verre à bordeaux de crème fraîche. Erreur.
" Pouvez-vous croire, disait l'hôtesse de Saint-Michel Tête d'Or, pouvez-vous penser que j'aurais perdu tous ces blancs ? Non. Je prenais les oeufs et je les battais tels quels. Quant à la crème, pure invention. - Ce qui est vrai, c'est que nous avions toujours le meilleur beurre du pays et toujours très frais. Nous n'y regardions pas. Nous en mettions dans la poêle un bon morceau, que nous laissions pas roussir. Surtout, nous nous gardions de trop cuire.
Voilà tout mon secret. Nous faisions comme tous le monde. Du reste, on pouvait voir; nous ne nous cachions pas. J'ai eu bien souvent- oh ! tous les jours en été - vingt et trente curieux autour de moi . Et c'était parfois pas très commode. Mais puisque çà les amusait !....."









Les Poulard vendent leur hôtel et ses annexes en pleine gloire, en 1906, à la société hôtelière des centres de tourisme automobile qui achète aussi l'hôtel Poulard jeune.
Le couple se retire à l'hermitage, une maison qu'il avait fait construire au Mont près de la maison verte.

Victore meurt le 10 octobre 1924 à 76 ans.
Annette meurt le 7 mai 1931 à 81 ans.
Ils sont enterrés au petit cimetière du village, on peux lire sur leur pierre tombale :
"ici repose Victore et Annette Poulard,
bons époux - bons hôteliers.
Daigne le Seigneur les accueillir
Comme ils reçurent leurs hôtes."


Aujourd'hui le restaurant est plus "visité" que l'abbaye.

Actuellement La Mère Poulard c'est un groupe comprenant :
4 hôtels- restaurants, des boutiques, des musées, des usines, en tout 17 établissements qui emploie un millier de salariés.
Il en résulte que "La Mère Poulard" est une marque déposé qui se décline en biscuits sucrés et salés, chocolat, cidre et oeufs que l'on retrouve dans le monde entier.




























































2 commentaires:

Miesgies a dit…

Dear Luc. Thank you very much for writing your blog. I just discovered a picture of my grand-grandmother at "a la renommee de l'omelette de la mère poulard" and because of your blog i found where it was taken. It is a pleasure to read that it was taken at "Le Mont Saint Michel". I don't know though when it is taken, it is probably around the 30s or 40s. Do you maybe have more information about it? Thank you in advance for your answer. Yours sincerely

Anji a dit…

Thank you very much for sharing the story of M et Mme Poulard ainé.